Viens mon lapin~ Partie 4 [Privé]

Bureau du professeur Snape: Viens mon lapin~ Partie 3 [Privé]

Le cachot numéro 6. Et moi qui m’attendais à une salle à la superficie ridicule, à peine encombrée de quelques toiles d’araignées rachitiques, me voilà bien découragée devant l’étendue exagérément immense de l’endroit. Au centre de la vaste pièce sombre et poussiéreuse trônent les restes suintants de pourriture de ce que je devine être un hippogriffe à trois têtes. Qu’est-ce que c’est que cette folie ? Je fais quelques pas dans l’obscurité nauséabonde et me penche sur l’un des crânes dégarnis de la bête. La boîte osseuse a un léger soubresaut et un rat affolé par ma présence s’en enfuit. Je m’écarte du monstre baignant dans ses excréments moisis et parcours le reste du cachot du regard. Des immondices gisent dans tous les moindres recoins de l’endroit insalubre et d’un trou circulaire recouvert de toiles d’araignées aux proportions gigantesques s’échappe une vapeur toxique de chair en décomposition. Deux seaux et deux vadrouilles obsolètes ont étés déposés à notre intention au pied d’un mur de pierre délabré.

- Amusez-vous bien… Je vous accorde deux heures, nous lance Rogue avec infini mépris depuis la grille de fer rouillé qu’il s’empresse de refermer sur nous.

Le professeur insère une clé ancienne dans la serrure de l’entrée pour s’assurer que nous restions enfermées ici aussi longtemps qu’il lui plaira. Le nœud dans ma gorge retient scellées les insultes qui menacent de jaillir à tout moment de mes lèvres. Satisfait, le maître des potions nous quitte promptement et j’attends que le bruit de ses pas vifs s’estompe pour me retourner vers Marie-Ève.

- Il pourrait tout aussi bien nous oublier ici, je remarque, nous n’aurions aucun moyen de nous échapper sans baguette.
- Mais non voyons, un professeur ne ferait jamais ça.

Elle se saisit de l’une des vadrouilles et fait mine de se mettre vaillamment à la tâche.

- Rogue n’est pas n’importe quel professeur.

Je pointe l’hippogriffe à trois têtes avec un reniflement dédaigneux.

- Ce truc a été abandonné ici jusqu’à ce qu’il crève de faim dans ses propres déchets corporels. C’est pas Rogue qui va éprouver des remords s’il décide de nous faire subir le même sort, surtout après ce que je lui ai dit.

Marie-Ève aborde une expression horrifiée pendant quelques instants, puis semble reprendre confiance. Ou peut-être essaie-t-elle seulement de me rassurer ? Un soupir de découragement m’échappe. Non seulement la corvée qui nous a été assignée semble impossible à réaliser, mais en plus nous voilà pitoyablement à la merci d’un professeur sadique, le seul que je n’aie jamais réussi à mettre dans ma poche, faute d’essayer après avoir constaté quel genre d’être humain c’était. Sans compter ses paroles dévastatrices un peu plus tôt qui ne manquèrent pas d’achever le début d’espoir d’un jour arriver à obtenir une certaine reconnaissance de la part de père… Il me faut cependant me détourner de toutes ces moroses pensées pour me résoudre à me joindre à Marie-Ève pour commencer le travail, malgré la répugnance éprouvée envers cet endroit qui me rappelle vaguement les cellules des moldus décharnés du manoir. La seule présence de ma lapine en ces lieux semble pourtant illuminer l'endroit et rendre un peu plus acceptables les conditions dans lesquelles je me trouve. Ne devrais-je pas me compter chanceuse de l'avoir à mes côtés...?

Chanceuse? Non... C'est de ma faute si elle se trouve ici en ce moment, pas le fruit du hasard. Et encore de ma faute si Rogue a bâti une haine encore plus vive à notre égard lorsque j'ai pété les plombs en voulant stupidement défendre Marie-Ève. Je soupire tristement. Elle se porterait bien mieux sans les catastrophes que je lui ai occasionnées dans mon - Rogue a bien raison - manque de discernement et d'intelligence total.

C’est tout à fait immense comme cachot! Il va falloir ne pas trop traîner pour nettoyer toute la pièce! Je me rends compte qu’une créature gît sur le sol. Quelle horreur! Elle est si amochée. C’est de là que la majeur partie de la puanteur doit provenir. Tout ce que nous avons à notre disposition, c’est deux seaux et deux vadrouilles.

- Amusez-vous bien… Je vous accorde deux heures.

Oh oui quoi de plus affriolant que de faire du ménage. Non mais, vraiment c’est stupide de nous dire amusez-vous bien. Je vais lui montre moi qu’on est capable de faire notre tâche! En deux heures c’est faisable! C’est sûre!

J’entends Rogue verrouiller la porte. Comme si on allait s’enfuir! Il nous prend pour qui! Ça sert à quoi de fuir ce cachot si on est pour y revenir dès que l’on se ferait pincer.

- Il pourrait tout aussi bien nous oublier ici. Nous n’aurions aucun moyen de nous échapper sans baguette.

- Mais non voyons, un professeur ne ferait jamais ça.

Pourquoi est-ce qu’il ferait ça? C’est insensé! Il a bien beau être le pire prof du monde entier, il ne peut définitivement pas faire cela! Sans plus tarder, j’empoigne le manche d’une des vadrouilles et commence notre tâche.

- Rogue n’est pas n’importe quel professeur. dit-elle en me pointant la bête.

Oui, l’animal! Qu’est-ce qu’il y a? Il est mal en point mais quel est le rapport avec Rogue? Où veut-elle en venir?

- Ce truc a été abandonné ici jusqu’à ce qu’il crève de faim dans ses propres déchets corporels. C’est pas Rogue qui va éprouver des remords s’il décide de nous faire subir le même sort, surtout après ce que je lui ai dit.

Quoi! NON c’est impossible! Il ne peut pas nous laisser moisir ici. Je me ressaisie. Attend un peu comme je me suis dit tout à l’heure. Il est peu probable qu’il nous laisse ici. C’est sûre que d’autres professeurs ou élèves sont au courant de notre retenue. La pire chose qui pourrait se passer c’est qu’on y reste un peu plus de deux heures. Sinon, je suis parfaitement sûre qu’on va sortir de là.

Je continues ma tâche sans ronchonner et en souriant. Je me rappelle une chanson dans un film : « La mélodie du bonheur ». Celle dont elle chante lorsque ça va mal. Sérieusement, elle me rend toujours joyeuse car je me remémore la scène et me met à oublier ce qui se passe autour. Je fredonne simplement l’air tout en continuant le ménage.

Je me retourne vers Mauve. Elle a la mine basse et semble plongé dans de lugubres pensées. Je déteste voir quelqu’un comme cela. Je constate le travail qui est fait pour le moment et le temps qui a passé. Ça fait quinze minutes qu’on est ici. Donc, on peut bien faire une petite pause.

- Tu sais que tu ne devrais pas prendre aussi mal cette retenue. Ce n’est pas si pénible que ça. Au moins, on est deux. Il aurait pu être plus cruel et nous séparer! Non?

Elle va vite changer d’expression avec moi! Car, je ne tolérai pas de voir son visage défait encore plus longtemps.

- Et tu sais, je ne regrette pas d'avoir tombé dans la potion que tu as faite. Bon, j'ai eu peur c'est vrai mais, sans toi je n'aurai jamais vécu dans la peau d'un lapin.

Je prends la vadrouille pour recommencer ma tâche. Si on traîne trop, on risque d'avoir encore plus d'ennuis.

- Tu es plus jolie quand tu souris. Dis-je en voyant un faible sourire apparaître sur son visage.

- Et tu sais, je ne regrette pas d'être tombée dans la potion que tu as faite. Bon, j'ai eu peur c'est vrai mais, sans toi je n'aurais jamais vécu dans la peau d'un lapin.

Elle ne m’en veut donc pas ? Une réconfortante vague de soulagement m’envahit alors que je ne cherche même plus à savoir pourquoi cela m’importe tant.

- Tu es plus jolie quand tu souris.

Quoi ? Non ! Que… !? Serais-je en train de rougir des joues jusqu’aux oreilles ? C’est moi ou j’ai soudainement très chaud ? POURQUOI ELLE ME DIT ÇA !? C’est tout plein de gentillesse et d’amour et de considération et de… et de…

Marie-Ève ne m’en veut pas.

- Merci… je murmure faiblement, prise au dépourvu et incertaine de la démarche à suivre. Je... Enfin… Désolée pour… tu sais… on doit finir ceci et…

D’un mouvement erratique, je me saisis de la vadrouille et, les yeux toujours rivés au sol, je tente lamentablement de fournir une fin à ma phrase laissée en suspend.

- Et puis on va… hm… Terminer et après je vais, hm, faire attention à euh…

Je me balance sur mes pieds, tout à coup très gênée sans aucune explication. C’est pas moi ça !! Je relève vivement la tête, déterminée à former une phrase qui ait un peu plus de sens bien que je n’aie plus rien de significatif à ajouter.

- Je… !!

Où est passée Marie-Ève ? Elle était là à l’instant, qu’est-il arrivé ?

Un couinement aigu me parvient du bas de ma robe où une petite boule de poil bleu-mauve s’agite et gratte le pan de tissu. Je me penche vers l’animal frémissant et le considère pendant un instant avant qu’un plan génial ne se forme dans ma petite tête lulutée. Ma mélancolie s'estompe aussitôt, je babille quelques paroles avant de la prendre dans mes bras.

- La potion fait toujours effet !! Très bien ! Sors en vitesse de la cellule et va chercher nos baguettes sans te faire remarquer ! On nettoie, tu les ramènes et nous voilà sorties d’ici aussitôt que Rogue aura vu le travail !

Je porte la lapine jusqu’au grillage et l’aide à passer au travers des barreaux en lui indiquant furtivement le chemin jusqu’aux quartiers de Rogue.

- Sois discrète et ne traîne pas en chemin !

- Merci…Je... Enfin… Désolée pour… tu sais… on doit finir ceci et…

Elle bégaie beaucoup. J’ai peut-être un peu poussée loin. Elle prend la vadrouille et commence le ménage avant de rouvrir la bouche.

- Et puis on va… hm… Terminer et après je vais, hm, faire attention à euh…

Mon corps, il, ce n’est pas vrai….ça recommence. Je rapetisse à vu d’œil et tout ce qui m’entoure grossit. Du poil recouvre mon corps entier d’une couleur bleutée et mauve. Tiens c’est la seule différence de tout à l’heure. Il fallait que ça refasse surface maintenant. On a tout le local à nettoyer et je suis tout à fait incapable de faire quoi que se soit dans cette position. Ah non! Mauve…Qu’est-ce qu’on va faire?

- Je… !!

Je bondis plusieurs fois pour atteindre ma camarade. Je saute et m’accroche à sa robe de sorcière pour lui faire signe que je suis là. Je tombe et lâche un couinement. Je décide de gratter sur son tissu comme dernier espoir. Aller regarde en bas bon sang! Enfin, ses yeux rencontrent les miens. Je suis déjà un peu soulagée quoique rien n’est gagné encore. Puisque j’ignore comment elle va réussir à finir le ménage sans moi.

Elle me prend dans ses bras tout joyeusement en fouettant l’air avec ses lulus blondes. Ça lui fait si bien des lulus. C’est pas le temps de penser à cela voyons Marie-Ève!

- La potion fait toujours effet !! Très bien ! Sors en vitesse de la cellule et va chercher nos baguettes sans te faire remarquer ! On nettoie, tu les ramènes et nous voilà sorties d’ici aussitôt que Rogue aura vu le travail !

C’est une bonne idée toutefois si je redeviens humaine en chemin…j’ai l’air de quoi moi toute nue. Non, il faut pas que ça arrive. Mon dieu! Il est trop tard, c’est la seule solution. Sinon, on n’y arrivera jamais. Courage! Tu peux le faire!

Avec l’aide de Mauve, je passe les grilles sans trop de difficulté. Je sais très bien où aller, il me suffit de suivre ce couloir et de tourner à droite. J’espère ne pas rencontrer de porte sinon je serai pas capable de l’ouvrir. Mince!

- Sois discrète et ne traîne pas en chemin !

Je bondis gaiement dans le couloir en évitant de faire du bruit. J’entends des bruits de pas! Que faire? Tiens une porte ouverte, je n’ai pas le choix d’y aller. Je m’engouffre dans la salle et observe ce qu’elle contient. Ces couinements, ils appartiennent à des lapins c’est certain! Je lève la tête et j'aperçois une cage rempli de mes confrères. C’est affreux! J’ai une belle discussion avec eux, je leur promets de venir les sauver lorsque j’aurai récupéré les baguettes. Je sors de là en m’assurant préalablement qu’il n’y avait plus de danger. Je continue ma route jusqu’à l’endroit recherché. Victoire! Les baguettes sont droit devant mais sur un bureau. Il faut donc que je trouve un moyen d’y accéder. Réfléchis! J’ai trouvé! Je saute sur une boîte puis, sur un tiroir ouvert pour finalement atterrir sur la chaise. Rendue là, je n’ai qu’à tirer sur le tissu noir pour faire tomber les baguettes. Quelle chance! Une, deux et trois! Le tour est joué. Fiou! Bon, y’a mes camarades que je dois libérer! Patience Mauve j’arrive! Je retourne sur mes pas jusqu’à la salle toujours entrouverte! Je prononce dans ma tête le sortilège alahomora pour libérer les lapins qui, par la suite, me suivent jusqu’au cachot numéro 6.

Je retrouve Mauve saine et sauve avec mes nouveaux copains, les baguettes dans ma gueule. Je les laisse tomber par terre. Une idée me vient à l’esprit! Il va falloir que je retourne les baguettes où elles étaient sinon, Rogue se douterait de quelque chose. Je soupire intérieurement à cette pensée.

- Dis donc tu as ramenés des copains! dit-elle en souriant et en empoignant sa baguette.

Je ne pouvais pas les laisser là. C’est que le prof les utilise pour tester ses potions parfois c’est pas pour rien qu’il y en a des verts, des picotés, des bicolores etc. Je regarde miss lulu nettoyer toute la pièce en un rien de temps. Que de soulagement de voir qu’on a fini trente minutes plus tôt. Je pointe avec l’une de mes pattes ma baguette, la sienne et ensuite la grillage qui nous empêche de s’enfuir. C’est l’unique moyen pour lui démontrer qu’il faut que j’y retourne.

- Bunny pas toute de suite on va s’amuser avant.

Je dépose une patte sur mon visage. Non mais, pas le temps de s’amuser. Je ne sais pas quand l’effet disparaîtra et elle non plus d’ailleurs. Ah lala…

- Bon d’accord prends-la mais fait vite. Dit-elle en me caressant un peu.

À l’aide de mes amis, je parviens plus facilement à grimper jusque sur le bureau pour tenter de replacer le mieux possible nos baguettes sur le tissu. Je regagne le cachot dix minutes plus tard. Je n’oublie pas de remercier mes semblables pendant le chemin pour leur précieuse aide. Je trémousse mon museau et m’étends de tout mon long sur le sol. Je suis fatiguée de tout cela. Je crois que je vais bien dormir ce soir.

La pièce, bien que possédant toujours un certain côté lugubre, resplendit maintenant de tous feux. J’ai fait disparaître le cadavre d’hippogriffe difforme à l’intérieur du trou nauséabond, lancé un récurvite sur l’endroit où il s’est répandu en immondices et dépossédé le cachot de tout ce qui le souillait.

Et voilà nos baguettes restituées à leur endroit initial, Marie-Ève de retour – bien que toujours sous sa forme de lapin – et le cachot nettoyé, il ne nous reste plus qu’à prier que Rogue ne verra pas la supercherie.

Les vêtements de Marie-Ève gisent non loin de là, attendant le retour de leur propriétaire. J’espère qu’elle reprendra forme humaine dans peu de temps, car les deux heures allouées seront bientôt échues et Rogue ne tardera pas à apparaître aux grillages.

Avant longtemps, ma lapine se met à grandir, le poil bleuté rétrécit et rentre dans sa peau à nouveau lisse, son museau disparaît pour faire place à un adorable minois. Elle se précipite sur ses vêtements et tente tant bien que mal de s’y faufiler. Déjà, le bruit des pas de Rogue, ponctuel comme à son habitude, se font entendre au bout du couloir. Marie-Ève a tout juste le temps d’enfiler le dernier morceau qu’il se poste devant nous et considère le travail avec de grands yeux effarés.

- Je ne vous savais pas si rompues à l’art moldu de la femme de ménage… Qui aurait pu deviner que j’avais devant moi deux petites souillons jutant à l’idée de torcher d’immondes endroits ? La tâche était peut-être trop facile, ou peut-être avez-vous… triché ?

Même pas vrai !! Je manque de m’exclamer. N’empêche… il nous complimente sur nos talents de ménagères ou quoi ?

- Nous avons accompli notre tâche de manière acceptable dans les conditions et délais requis. Honorerez-vous votre parole en acceptant de nous libérer, ou pas ?

Prends ça ! Cela a du désamorcer ses plans sadiques de nous garder à moisir dans ses cachots pour des décennies, car le voilà qui nous permet l’accès vers la sortie. Il nous tend à chacune notre baguette sans mot dire, frémissant de déception et de colère, et nous quittons l’endroit sans demander notre reste.

…ce n’est qu’en remontant dans la Grande Salle que nous nous rendîmes compte de la surprise de taille qui nous y attendait.

Nous sommes envahis. Par une armée de lapins qui se reproduisent dans tous les coins et ce, à une vitesse exponentiellement folle. C'est de ta faute, Bunny Girl !

Lisière de la forêt interdite: Viens mon lapin~ Partie 5