Sournoises mais ô combien douces représailles - Partie 1

[À la suite de Première rencontre]

Et voilà mes petites chéries toutes alignées à la perfection sur le matelas venimeux de ce souillon rageur d’Al’Than, lequel aura la surprise de sa vie en s’y installant pour minutieusement s’astiquer le manche une fois la nuit venue. Des milliers de punaises encastrées dans le lit infesté de phtiriases dégoûtants dressent fièrement leur pointe de métal brillante vers le ciel, se tenant fermement en rangs serrés alors que je leur jette un savant sort pour les stabiliser et les rendre translucides – Naelesen n’y verra que du feu. Voilà donc mon chef-d’œuvre, le matelas de Nael recouvert de subtiles punaises piquantes qui ne manqueront pas de lui faire saigner plus qu’une simple gouttelette carmine.

Je repense encore à la moue ravie de mon frère quelques instants plus tôt lorsque je quémandai auprès de lui le mot de passe de serpentard, prétextant vouloir lui rendre quelques visites nocturnes.

- J’en aurai bien besoin si je veux te retrouver dans ton lit la nuit… Je m’ennuie tu sais, les dortoirs des serdaigles sont bien froids et ennuyants, – ô mensonge que je me suis empressée de corriger en y ramenant un nombre faramineux de conquêtes chaque semaine, ce que je me garde de mentionner – j’ai envie d’être près de toi…

Violet a aussitôt flanché et m’a révélé en quelques battements de cils le mot de passe des serpentard – « fornications astucieuses », dieu que j’aime ces mots – et je m’y suis précipitée sans un regard en arrière pour mon frère au cœur gonflé d’espérance – tant mieux si ça peut l’empêcher de tenter de s’occire quelques jours de plus -. Partageant les dortoirs de mon adoré Nael, – remarquez le cynisme dans ma voix - il sera aux premières loges lorsque son cri surpris ébranlera les murs du château.

Me voici donc à aligner des punaises sur le lit d’Al’Than, froissée après notre altercation fallacieuse un peu plus tôt dans la journée, alors qu’il me traitait de tous les noms – en toute réciprocité – devant l’entrée de la bibliothèque contrastant par son silence.

Eh bien qu’il souffre de ma vendetta personnelle ! J’ai élaboré une série de petites revanches pour ce qu’il m’a craché au visage, pour ce qu’il m’a fait l’an passé, et pour ce que la seule idée de sa présence sur terre m’inflige chaque jour. Il ne saura pourtant pas que je suis l’auteure incongrue de ces minuscules - mais odieux et amplement piquants - châtiments, et je continuerai de le martyriser ainsi jusqu’à ce qu’il en tremble d’insomnie, terrifié à l’idée de ce qui pourra bien lui tomber sur la tête la prochaine fois que je déciderai de le punir, ce dont il ne pourra que redouter le moment, terrifié à toute heure de la journée d’imaginer ce que pourrai bien concocter pour lui. Je ricane hypocritement, tentant tant bien que mal de contrôler le diabolicisme sanglant de mon fou rire montant.

J’apporte la touche finale à mon œuvre, recouvrant le matelas à l’aide du drap couleur de sapin en pleine décomposition dont Nael abrite sa vulnérable nudité la nuit – pas de crainte qu’il ne dorme au dessus du ce foutu drap, les sauvages épines des punaises utilisées sauront tout de même s’insérer violement dans sa peau – et j’admire le travail effectué, la poitrine gonflée d’orgueil. On verra bien si tu auras à redire mon cher Naelesen lorsque demain tes yeux cernés et bouffis de larmes de douleur et de consternation m’avertiront que tu as passé une très, très mauvaise nuit à retirer une à une chacune des sournoises pointes métalliques implantées dans ton lit !