Halloween

[ce post sera très court… j'ai faim et j'ai pas trop d'idées XD mais si vous voyez que j'ai oublié un détail important, dites-le moi. Je l'ajouterai.]

-Quoi? Non seulement tu me harcèles pour que je fasse le punch, mais en plus tu me demandes d'y aller aussi pour t'aider à séduire cette grue et donc de passer toute la soirée avec vous deux? T'es complètement taré!

-Oh Kyle! S'il te plait! Tu le sais que je n'ai aucune confiance en moi quand je suis seul. Si je merde tu me sors du pétrin c'est tout… J'ai besoin de toi.

-C'est hors de question.

-Je t'en prie!!!

Je dois avouer que de voir un de mes meilleurs amis s'accrocher à ma cheville en me suppliant de l'accompagner est une vision amusante, qui lui fait perdre toute sa crédibilité. J'ai pas envie de jouer l'entremetteur ce soir. Juste de m'amuser et de voir du monde, et peut-être voir l'effet qu'aura mon fameux punch. J'ai –par mégarde- échappé un pot de je ne sais quoi dedans. En fait, j'ignore ce que c'était parce qu'il a fondu… Enfin, c'est sans importance. Tout ce qui est certain, c'est que je ne vais pas là pour jeter mon ami entre les griffes de cette vipère.

-En plus elle t'adore depuis que tu lui as "sauvé la vie"!

-Ouais, mais moi je ne l'aime pas.

-Mais je suis sûr que tu ne voudrais pas que je lui dise ce qui s'est réellement passé. Pas vrai?

Oh le petit merdeux. Si jamais il allait dire ça à Mauve, c'en serait fini de Kyle McNally. Elle m'écorcherait vive. Je tiens à ma vie moi. Je m'entends marmonner que c'est d'accord, mais que si je le vois qui bave pendant la soirée, je m'en vais sans plus de cérémonie. Heureux, il sort dans le couloir à toute vitesse, m'intimant l'ordre de le rejoindre. C'est en soupirant que j'attrape une vieille veste un peu maganée –mais qui reste celle la plus en état- par-dessus mon t-shirt.

* * *

Je n'aime pas l'ambiance. Bon d'accord. J'adore l'ambiance. Ce que je déteste, c'est la limace qu'est devenue mon meilleur ami qui s'accroche à ma manche pour me tirer partout à la recherche de sa dulcinée. En passant près du bar, déjà lasse, je m'empare du premier verre qui me tombe sous la main –et qui n'est pas mon punch donc je suis safe- et le boit d'un trait -Hmmm... Bierraubeurre- avant de le reposer un peu plus loin. Je sens que la soirée va être longue.

-Oh elle est là-bas! me crie-t-il dans les oreilles en bousculant tout le monde pour forcer le passage.

Je m'excuse aux victimes de son empressement à sa place, m'attirant les sourires compatissants de quelques personnes. On se retrouve vite près de l'entrée, où Mauve vient d'entrer. Je remarque à peine les autres personnes puisque la grue me saute au cou en hurlant mon prénom.

-KYYYYYLE! T'es venu!

Elle m'étrangle la garce. Fiche le camp Mauve.

-Eeeehh… Oui. Moi aussi je suis content de te voir, dis-je en la repoussant doucement et en la tournant vers mon ami qui me lance un regard furax. Mais c'est avec lui que t'as rendez-vous, pas avec moi.

Je hausse les épaules en signe d'impuissance et m'éloigne un peu, de manière à toujours les voir, et à entendre ce qu'ils se disent, comme promit. J'interviendrai si ça se gâte. J'espère que ça ira bien.

Adossée au mur, je regarde un peu tout le monde s'amuser. Je discute avec quelques personnes que je connais bien, et d'autres qui viennent me parler juste pour parler. Je souris à tout le monde, m'efforce de me montrer aimable. La seule personne capable de me faire sortir de mes gonds ne semble pas être présente. Il doit être resté dans son dortoir à écrire dans son stupide carnet pour trouver le meilleur moyen de me faire souffrir.

Je ramène mon regard au couple que je suis sensée surveiller et croise le regard désespéré de mon ami, qui semble avoir besoin d'un sérieux coup de main. Je pousse un profond soupire et marche vers eux. Mauve semble légèrement ennuyée. Sans doute qu'il a dit quelque chose de passablement idiot. À quelques mètres d'eux, quelqu'un se plante devant moi et m'empêche de progresser davantage. Mes yeux s'agrandissent en croisant ceux d'Al'Than. Qu'est-ce qu'il fiche ici celui-là? Il devrait être isolé dans un coin, avec une camisole de force. Pas dans un endroit public où les gens s'amusent et boivent de l'alcool. C'est pas pour lui ici.

-Kyle je….

Je n'écoute même pas la fin de sa phrase. J'oublie complètement le fait que j'allais aider quelqu'un dans le "besoin" et tourne brusquement les talons, frémissante de colère et de frayeur. Je m'éloigne le plus possible de lui et vais m'asseoir au bar. Je commande mon premier shooter de la soirée, qui sera bientôt suivi par toute sa famille.

Je suis heureux car ce soir c’est la fête dont j’ai tant attendu. C’est aujourd’hui où je vais voir Marie-Ève. Celle qui était ma voisine lors de mon enfance. Je me trompe peut-être mais je vais savoir la vérité dans peu de temps. Si au moins les trois inséparables peuvent arriver. Je ne tiens plus en place. Tout ce que je veux c’est être là-bas à faire la fête. Pourquoi sont-ils en retard? Ce n’est pas le genre d’Harry pourtant.

Une vague de bonheur m’envahie à leur vue. Je suis tellement heureux qu’ils soient là. Plus rien me retiens ici, place à la fête! Je les sermonne un bref instant et leur demande de me suivre. Je les conduis aux trois balais en respectant tout ce que l’invitation disait.

***

On y est maintenant! Je cherche des yeux si Violet n’est pas dans les parages. Si Marie-Ève l’a invité, c’est qu’elle devrait être dans les parages avec lui. Il n’est malheureusement pas encore arrivé. Je laisse échapper un petit grognement de mécontentement.

- Qu’est-ce qu’il y a Kay?

Les personnes que j’attendais ne sont pas encore là.

- Ce sont des filles?

- Non, pas les deux.

- Qui sont-ils?

-Vous verrez bien.

Je commence à parler avec un Serdaigle nommé Kyle. Je ne lui ai jamais vraiment adressé la parole en dehors des matchs de Quidditch.

- Quel est le punch le plus fort?

- Celui-là, c’est moi-même qui l’est fait. Dit-il en me pointant le bol.

- Parfait! Merci!

J’ai le goût de décoincer Harry. Je crois que ça ne lui fera bien du tort. Simplement, le dégêner un peu. Pour accomplir cette tâche, il fallait que je me renseigne. Maintenant que j’ai le renseignement qui me fallait, il me suffit de faire boire mon cher ami.

- Invite dont Hermione à danser. Je suis sûre qu’elle serait contente. Ai-je chuchoté à l’oreille de Ron.

J’ai réussi la phase un de mon plan. J’ai séparé le trio pour m’occuper du célèbre Potter. Il faut que je mettes la deuxième en exécution. Pendant que les deux sont occupés sur la piste de danse, je discute avec mon confrère.

- Il faut que tu goûtes à cela. C’est franchement bon.

- Je n’ai pas bien soif.

- Franchement Harry. Essaie au moins un verre. Si tu n'aimes pas ce n'est pas bien grave. Juste un!

- Bon d’accord.

Étrangement après avoir bu un verre, il en voulait encore un autre. Je regarde en direction du créateur de ce punch mais il semble partit ailleurs. Eh bien finalement, Harry aime bien la boisson à moins qu’il croit que c’est du jus. Je le laisse se servir autant de verre qu’il veut.

Il en a calé trois en peu de temps et l’effet de l’alcool fait déjà effet. Je le vois chanceler. Je crois que je ferais mieux de l’arrêter. Je veux quand même qu’il puisse marcher et danser et non le tuer. Je l’empêche de boire un verre de plus et l’amène loin des boissons.

Harry percute une demoiselle aux lulus blondes. Oh!! Je la reconnais. C’est Mauve! Je lui ai déjà parlé mais uniquement aux matchs de Quidditch et je crois que c’est la même chose pour mon coéquipier.

- Saaaalluuuttt…ça te diiiirraais…deeee....

Une personne m’empoigne le bras et m’empêche d’entendre la suite. Je vois Harry s’éloigner de moi sans que je le veuille. Bon sang! Laisse-moi qui que tu sois!

- Kay!!! Regarde!! REGARDE!!!! C’est Sus ma nouvelle mouche!

Eh bien, j’aurais du m’en douter! Il n’y a qu’Ariel pour m’éloigner de mon objectif. Bon, je crois que je l’ai pas mal terminé de toute façon - il n’est plus gêné et il parle à une fille-. Alors, je peux bien m’amuser sans penser à lui maintenant.

- Oui, oui. Je vois Ariel. Enchantée Sus!

- Je savais que tu l'aimerais!!!! Tu sais quoi?

- Non, je ne le sais pas.

- Je… je… tu as les yeux mauves comme ton nom, c’est joli…

Hm… Je crois que ce sinistre incompétent en matière de séduction essaie de me dire quelque chose. Bah ! Il m’a invitée, je peux bien lui faire l’honneur de ma divine présence quelques secondes de plus. Mais c’est qu’il m’ennuie tout de même ! Pas une seule once d’intelligence ne perce dans les paroles qui s’échappent de ses lèvres engourdies par l’alcool qu’il a immodérément ingurgité pour se donner du courage. J’entortille mes doigts dans une toile d’araignée décorative, espérant passer le temps en me chamaillant avec sa propriétaire en plastique qui agresse mes doigts. Merdique soirée en perspective… Je ne veux pas rester avec ce moron, je veux aller voir Marie-Èveeeuh !! Tiens, pourquoi n’est-elle pas encore arrivée ? Qu’est-ce qu’elle fait ? Et où il est mon Kylinoucheeeeet !?

- T-tu bois quoi comme lait pour avoir les yeux mauves de même ?

Mon sauveeeeur, Kyle !! Libère-moi de ce… de ce… Rah !! Je jette un coup d’œil désespéré en sa direction, où il s’envoie shooter par-dessus shooter dans le gosier. Chianterie ! Lâche ça et aide-moi, satanée chiasse de manchot ! À ses côtés, un séduisant petit blond – je compare avec l’imbécile à mes côtés – à l’air narcissique et profondément arrogant jette quelques coups d’œil autour de lui, aperçoit quelqu’un dans la foule et a un sourire plus que satisfait. Il manque de se prendre une décoration d’Halloween en pleine gueule – un Jack Skellington grandeur nature qui laisse échapper un long cri de temps à autres - et déguerpit avec sa clique de serpentards. J’ai tellement envie de les suivre, tout pour échapper à ce cynique imbécile…

- Et puis… tu sais, le lait c’est bon pour les os…

Où est-ce qu’il veut bien en venir, j’aimerais bien le savoir. Je n’ai pas le temps d’acquiescer à sa nouvelle et obscure déblatération que je suis percutée et propulsée vers l’avant par un poids de nature inconnue. J’empêche une chute spectaculaire en m’agrippant à l’autre attardé qui en vient aussitôt aux anges et je fusille le coupable du regard. Kay, un type dans l’équipe de euh… poufsouffle ou gryffondor, peu importe, est emporté par Ariel – je l’aime bien celle-là – une petite négresse au regard exorbité et délirant. Et celui qui se tenait à leurs côtés un instant auparavant… Ohhh, mais s’il ne s’agit pas du célèbre Harry Potter ? Une carte de luxe à ajouter à ma collection !!

- Saaaalluuuttt…ça te diiiirraait…deeee....
- Oh que oui, ça me dirait deeee…!

Je le prends par le bras et l’entraîne loin – très loin – du serdaigle aux yeux virés dans le beurre depuis que j’ai eu le malheur de le toucher. Nous faisons une escale dans les boissons où je m’envoie une petite dose de punch dans le corps, laquelle me fait aussitôt toussoter par sa concentration démoniaque. Harry enfonce maladroitement sa tête à l’intérieur du gigantesque bol, voulant m’impressionner – ça marche - et il cale carrément le reste du breuvage machiavélique. De mon côté, après seulement quelques gorgées, des palpitations font trembler maladivement ma poitrine et je sens mon cœur qui s’affole au rythme de l’alcool acidifié qui traverse aussitôt les parois veineuses pour se diluer dans mon sang à présent bouillonnant. Pfiouh !! Je ne sais pas ce qu’ils ont mis dans leur punch, mais ça frappe plus qu’un peu. Et ce pauvre chou à mes côtés qui s’est carrément noyé dedans… Le malheureux, je ricane bêtement, déjà affectée par les quelques millilitres que j’ai ingurgités – plaignez une très faible tolérance et surtout ne me comparez pas avec Kyle-mon-nouveau-dieu qui en est bien à son dix-huitième shooter de vodkpasd’beurre -. Harry s’accroche à mon cou et entreprend de « danser », ce qui se résume dans son cas à nous envoyer par terre en se gondolant de rire. Beaucoup plus en état que lui, je l’aide à se relever (il est pathétique, mais tellement craquant) et il me reste assez de lucidité – j’ai l’impression que les effets acidifiants pour ma pauvre cervelle du punch magique s’accroissent de minute en minute, je n’imagine pas l’état mental dans lequel mon pauvre compagnon doit être – pour repérer les escaliers et les gravir avec un Harry saoul qui me tire par le bras en rigolant tant et si bien qu’il en vient à bout de souffle. Il me lance un regard excité et avide d’amusement avant de m’attirer maladroitement à lui – étrangement, sa démarche me fait rire plutôt que de me dégoûter – et de nous choisir une porte au hasard. Un énorme lit rouge en forme de cœur, surplombé de miroirs géants, nous attend. Ouhla, je savais pas que madame Rosmerta avait ce genre de chambre !

Harry entre à ma suite et referme la porte derrière nous. Rawr ! J’éclate de rire devant sa pose pathétique, alors qu’il se tient – à peine – devant moi, les joues en feu.

- M-Mauve, c’est ça ? qu’il se met tout à coup à bégayer. C’est… tout dur… L-là en bas…

Nouveau fou rire de ma part. Je m’assois sur le lit et croise les jambes, déshabillant son corps maigrichon du regard – c’est l’alcool-.

- C’est dur, hm ? Qu’est-ce qui est dur ?
- En bas… elle est petite mais vraiment dure !!
- Et qu’est-ce qu’il y a de si exceptionnel ? je rigole doucement. Tu es tout de même en ma compagnie.
- Je sais pas… ça m’arrive des fois… Ça me fait peur.

Cette fois-ci je me tord véritablement de rire.

- Peur ? Pourquoi ça ?
- Parce que des fois la nuit, ça m’arrive et… ses paroles de saoulard se perdent un instant dans la neige de télévision moldue alors qu’il se bave dessus et a un hoquet incontrôlé. Et puis quand ça m’arrive c’est que je pense à… sa voix se fait toute petite. …c’est que je pense à Hagrid.

Celle-là me casse littéralement en deux et je roule sur le lit en tapant sur le matelas. Je prend un air offusqué, histoire de le faire paniquer, et le sermonne doucement.

- Hagrid, hein ! Tu me compares à Hagrid ? Viens-là toi…
- Non ! Non !! Mais… c’est ma première fois… avec une fille, qu’il m’explique misérablement en s’asseyant sur le lit. Ma première fois tout court en fait, parce que ce n’est jamais allé bien loin avec… Hagrid. Trop gros.
- Oh.

J’étouffe tant bien que mal un nouvel éclat et je capture ses lèvres pour lui éviter de s’humilier encore plus. Un goût nocif d’alcool emplit ma bouche à son contact, mais je fais fi de ma répugnance habituelle et plaque le misérable adolescent sur le lit aux couleurs de gryffondor.

- Alors il va falloir que je te montre comment on fait avec… une vraie fille.

Je me mets à glousser sans pouvoir me contrôler, comme une pauvre dinde que l’on chatouillerait sans pitié. Le célèbre Harry Potter et Hagrid, ce hideux garde forestier barbu…!! Amoureux !! J’ai peine à retenir mon rire contre sa gorge, alors que mes doigts agiles s’empressent de déboutonner sa chemise. Le voilà qui fait malhabilement passer mon chandail au décolleté plongeant – vous en doutiez ? – par-dessus par tête et qui échoue lamentablement sur l’agrafe de mon soutien-gorge violet – Nael était passé maître dans l’art de me l’arracher – tout en pestant contre l’entièreté de la lingerie féminine. Navrant héro…!! Je l’aide à me dévêtir et à détacher la boucle de sa ceinture – tout en me servant de celle-ci pour lui nouer les poignets aux montants du lit, ça lui évitera de faire trop de gaffes -. Il geint contre moi alors que ma bouche agile l’enfièvre de désir, et ses plaintes lancinantes font que je me questionne à savoir s’il va ou non percer le brouhaha de musique et de discussions enflammées du rez-de-chaussée. Bon tant pis… je le bâillonne à l’aide de la taie d’oreiller. Ses petits yeux mouillés et craintifs me dardent de questionnements et il ne lui en faut pas beaucoup pour se laisser rassurer alors que je me penche sur sa virilité douloureusement tendue. À ce que je peux constater, cet alcool a des effets plus qu’intéressants – et ce malgré la taille lamentable de son sexe gonflé, mais je ne peux m’accrocher à l’utopie Naelienne toute ma vie -.

Je l’autorise bientôt à se fondre en moi, menant la danse au dessus de son corps raidi par l’extase que je distille en lui à robinets ouverts, m’amusant de l’infinie variété de ses gémissements étouffés. J’accélère le rythme, me tend violemment au dessus d’Harry et il ne lui en faut pas plus pour chaudement venir en moi, dans un flot de sons étouffés. J’arrache la taie d’oreiller enroulée et imbibée de salive brûlante qui lui servait de bâillon, le laissant prendre de grandes respirations et lentement se remettre.

- M-Mauve… Je… je crois bien que mes tympans en ont explosé…
- C’est bon signe ça, c’est bon signe.

Je me défais de son corps couvert de sueur et roule hors du lit, passablement épuisée – pas le choix quand c’est moi qui a fait tout le travail -. Harry se dandine de son côté pour enfiler ses boxers couverts de vifs d’or. Le voilà qui chancelle et s’affale de tout son long au sol. Je trouve enfin la salle de bain et profite pendant quelques minutes du jet d’eau froide qui m’asperge agréablement le corps, décrassant ma peau de l’huile de Potter. Ahh, stupide puceau maladroit, je fais en retrouvant quelque peu mes esprits sous l’eau de banquise de manchot.

- M… Mauve ? qu’il me lance depuis la chambre.
- Quoi encore ?
- Je suis… encore… hm… bandé et j’arrive pas à cligner des paupières… Mes yeux vont sécher… À l’aide !!
- Moui, ça arrivait souvent à Nael aussi.

Je ferme le robinet d’eau froide, offre à Potter la délivrance jouissive dont il avait besoin pour fermer les yeux – stupide punch – avant de me revêtir et de l’attraper par le coude, l’aidant à se rhabiller comme un enfant.

- Viens, la fête n’est pas du tout terminée en bas, je fais en référence à la musique assourdissante qui fait vibrer le plancher.
- D’accord… je t’aime tu sais… plus qu’Hagrid…
- Oui, oui, j’acquiesce sans grande conviction.

Je parviens à le mettre sur pieds et nous titubons conjointement vers le rez-de-chaussée où Kyle s’envoie toujours une quantité monstrueuse d’alcool dans le corps – j’ai l’envie démangeante d’aller le rejoindre pour baver de concert sur le comptoir avec lui, envie qui se dissout dès que j’aperçois le serdaigle en manque de tout à l’heure qui pleure sur son épaule ennuyée -. Je laisse Harry se perdre dans la foudre, effectuer quelques pas de danse si étourdis qu’il doit bientôt prendre appui sur… Ariel qui gesticule toujours près de là. Elle l’envoie aussitôt balader en hurlant de terreur – elle est dingue, je vous le dit -. Je croise le regard endiablé de mon frère – qu’est-ce qu’il fait dans une fête avec des gens ? c’est troublant… - qui a considéré notre démarche saoulonne lors de notre descente d’un œil blessé et qui fixe mes cheveux blonds encore humides avec l’air d’un démon près à dépecer pour se convaincre que tout ça n’est que foutaises et que je lui suis restée fidèle en ma qualité de nonne chaste… Ahlala. Je fais un détour au bar et commande quelques consommations, ignorant le regard perçant et plein d’espoir que me lance le copain de chambre de Kyle – s’il s’imagine encore avoir une chance, il peut bien courir ! - Je m’approche de Violet avec un grand sourire, lui tendant un verre de vodkpasd’beurre tout en oubliant de préciser la concentration – excessive, je dois l’avouer - du breuvage.

- Fêtons nos retrouvailles, frérot !! je lui lance joyeusement, enivrée par le mélange incongru du punch suspect avec l’alcool du bar de madame Rosmerta qui gonfle ses profits de manière phénoménale.
- Qu’est-ce que tu faisais avec…
- Mais rien voyons, oublie et bois !!

Je le laisse contempler la manière dont la lumière est diffractée par son verre – il en est probablement à se demander de quelle manière il pourrait s’y prendre pour s’y noyer -, avant d’aller me joindre à l’écoute attentive des débilités d’Ariel. Passionnante soirée !

-NAEEEELL !! NAEELL !! COUSINNN !! CHIASSE DE MES GROSSES FESSES DODUES !! ATTENDS MOII !!!

Je suis surexcitée, mais à fond !! Mon cerveau bouillonne de joie et je sautille d’un pied à l’autre depuis ce matin ! Croyez le ou non, j’ai reçu une mystérieuse invitation – une enveloppe noire et orange – m’invitant à une soirée clandestine hors de Hogwarts pour célébrer l’Halloween ! C’est merveilleux n’est-ce pas ??!! Mes mouches n’en dorment plus d’ailleurs depuis cette fantasmagorique et glorieuse nouvelle. Quelqu’un a pensé à moi !! À moi !! Quelqu’un m’aimeeeeuhh !! Ça suffit comme ça !! Sinon je vais m’émoustiller avant d’avoir passer le pas de la porte des Trois-Balais ! Une soirée secrète !! Comme c’est excitant !! J’imagine déjà l’ambiance !! Des lumières qui nous éblouissent de leur éclat, l’odeur alléchante des Bière-au-buerre qui nous ensorcellent et le nombre incroyable de personnes qui vont s’agglutiner sur la piste de danse et d’autres qui vont se cacher pour s’envoyer en l’air !!!! OUAIS !! C’EST ÇA LA VIE !!! C’EST ÇA ÊTRE DES JEUNES AUX HORMONES DÉFONCÉES !! C’est comme être un Nael d’un certain point.

-PATATE DE COUSIN !!! ATTENDS TA VERRUE DE COUSINE !! je hurle avec toute l’élégance dont je suis disposée.

Je le vois se figer une fraction de seconde avant de me lancer un regard dégoûté puis il reprend sa marche rapide sans m’accorder pleinement le temps de m’accrocher à lui. Il n’a pas de grosses fesses lui ! Un poids de moins à transporter bien qu’il soit…M’enfin bref ! Sérieusement, je devrais publier les pamphlets pour Le Régime des Grosses Fesses Molles le RGFM !!! Je suis persuadée que plusieurs femelles seraient grandement intéressées. N’est-ce pas l’un des plus grands complexes féminins ?? Les fesses !! Les maudites fesses !!

-NNNAAEEELLLLLL !!!

Il s’enfuit encore ce gros balourd ! Quand même je ne suis pas si effrayante que ça !! Mis à part si on met de côté ma voix tonitruante, mes expressions faciaux des plus terrifiantes, ma personnalité machiavélique et…et…Oui bon, je suis peut-être légèrement…traumatisante…mais pas trop là ! Je pense plus que Nael a honte de lui. Il ne veut pas qu’on le croit lié de famille avec la plus belle et splendide femelle sur deux pattes !! Une femelle qu’il ne peut se farcir ! Oui, oui !

-SALE SADIQUE DE NAEL !!! AUX PIEDS !!!

Ah lala…Mais où va-t-il ??!! Mes mouches me lancent un coup d’œil circonspect alors que je les pousse du nez pour filer en direction de mon Nael adoré qui enjambe gracieusement le peu de distance qui l’éloigne des portes de l’établissement. Non mais vraiment, on devrait lui installer un collier avec une clochette à ce gars là !! Toujours en train de se carapater de la présence d’autres personnes. Je comprends maintenant pourquoi il est si antisocial et bizarre. Non sérieusement, Violet est un moyen numéro – avec toutes ces tactiques inimaginables pour trépasser - peut-être moins que sa débile de sœur – j’ai même entendu dire qu’elle avait de la charmante compagnie toutes les nuits, elle doit être irritée…- , mais Nael…Ah Nael ! Je ne sais jamais à quoi m’en tenir avec celui-là. Une fois dehors, je place une main en visière au-dessus de mes yeux – même si le ciel est drapé de nuages grisâtres – et j’identifie la tête argentée comme étant celle de Nael.

-NAEEELLL !!! je m’écrie en courant comme une déchaînée et je lui saute dessus.

Nous roulons dans l’herbe, ses manuels sont projetés dans les airs et s’écroulent bruyamment sur le sol. Timidement, j’ouvre les yeux et je me rends compte que je serre mon vicieux de cousin dans mes bras menus. Il est raidi par l’émotion, certainement, je lui tape dans l’œil, un bon morceau comme moi !

-Ah mais lâche moi ! Je siffle en le giflant sur la joue. Espèce de vieux pervers !

Il pince les lèvres et secoue sa tête en me repoussant sans vergogne.

-Ça t’arrangerait de t’excuser pour m’avoir fait tout ça ? je geins en bondissant sur mes pieds.
-Ariel, il serait peut-être temps pour toi de grimper ton iota d’intelligence ! Et sang et sacré cendre, tu vas me dire pourquoi tu me sautes toujours dessus ?? C’était pourtant clair dans notre contrat en première année, tu ne m’approches pas et je ne t’approche pas !! Point final !!
-C’est que je suis pour toi ! Un simple contrat ??

Ah lala…ce qu’il me gonfle !! Il sait pertinemment comment poignarder ses interlocuteurs. Mes mouches tourbillonnent autour de ma tête et Mus vient me câliner un peu, question de me remonter le moral.

-Si tu pouvais être moins que ça, grimace-t-il en fonçant vers ses ouvrages.
-Tu es vraiment méchant !! Moi qui suis venue te faire une proposition des plus mémorables et tu me frappes sans répugnance !!
-Non Ariel, je ne serai pas président pour l’une de tes associations pour protéger tes foutues mouches, me dit-il froidement, d’une voix tranchante, ce qu’il peut être inhumain des fois.
-C’est pas ça !!!! T’es pas assez important à mes yeux pour que tu t’obstines à vouloir intégrer mes associations.

Ah…on dirait que je viens de dire quelque chose qui l’a médusé. Ses traits impassibles se fondent de surprise, puis d’exaspération – mais qu’est-ce qu’il a encore ?? – .

-C’est quoi, alors ?
-Que tu peux être bourru ! Ça ne te dirait pas de te soulager pour que tu sois moins…acerbe. Je sais pas moi, Mauve, Violet, la bonniche de l’autre fois, les gars sadomasochistes de ton quartier ou Kyle ! Tiens !
-Qu…Quoi ??
-Je te dis que tu devrais t’envoyer des parties de jambes en l’air pour revenir un peu plus humain !!! Tu ne comprends pas ??
-Suffit ! Je n’ai pas besoin de…de…Et certainement pas avec les personnes que tu viens d’énumérer. Kyle…Mauve…Mauve…MAUVE ??!!
-Ben quoi, elle semblait te faire l’effet l’an passé !
-ARRHHGGGG !!

J’explose de rire alors que Naelesen observe les alentours, craintif. Ça serait bougrement comique qu’une des personnes mentionnées pointent le bout de son nez. Je ne sais pas qui choisir entre Mauve et Kyle. Mauve…MOUAHAHAHA !!! J’adore cette salope avec ses gros seins !! Elle s’y prend à merveille lorsque c’est le moment d’énerver notre gentil Nael. Et quand même, il y un courant qui passe entre ses deux là – peut-être plus de colère, mais quand même -. Cependant avec Kyle, je m’amuse comme une folle à les voir jouer ensemble.

-Ah au fait, je voulais te dire. Je t’invite pour la soirée d’Halloween. Tu en as entendu parler ? C’est ce que je me doutais. T’as pas le choix d’accepter ! La première invitation qu’on te fait tu ne vais la décliner, je me trompe ? De toute manière ça va te faire du bien de voir un peu de monde, ainsi tu pourrais peut-être écrire dans ton calepin sur le comportement des jeunes euphoriques et te sentir un peu plus humain. De plus, il risque d’y avoir de l’alcool, c’est chouette pas vrai ?? Donc ça signifie : Élèves+alcool = ivrognes = âneries = potins savoureux !! Tu es tenté, hein, hein, hein !! On se retrouve le jour de l’Halloween pour huit heures dans le hall !





C’est grandiose !! Il y a des lumières partout, de la musique rythmique pour les danseurs et l’alcool coule à fond ! Bon…pas tant que ça…mais j’aime bien amplifié la situation avec mes mots. Il y a des couples qui s’embrassent à pleine gueule, des jeunes soudés au punch, des danseurs qui se frottent les uns contre les autres – comme c’est excitant – et me voilà ! Moi avec mes superbes mouches joliment décorées pour la fête. Je me promène ici et là, en bousculant les gens sur mon passage. Ah lala…méchant popotin à moi ! Je me visualisais quelque chose de plus…chouette ! Me semble que c’est tranquille, je devrais peut-être les activer un peu. Je vais prendre place au bar, observant les alentours en poussant parfois des commentaires désobligeants et comiques. J’aperçois la tête blanche de Nael émergeant de la foule d’étudiants. Je n’aimerais pas ça être aussi grand. Puis, sur ma gauche, il y a un dégénéré qui avale shooter après shooter. Il vacille dangereusement sur son banc, tourne de l’œil sans pour autant s’abstenir d’ingurgiter ces choses infectes.

-Tu sais l’alcool c’est pas bon, je fais en m’inclinant vers le type.

Il mugit quelque chose de pas trop compréhensible comme si sa langue avait soudainement disparue. Ah lala…qu’il empeste l’alcool celui-là ! Je m’éloigne de quelques centimètres de lui pour m’assurer d’avoir un air purifié.

-Tu pues ! Tu ne sens pas bon du tout ! je rétorque à son jargon.

Ah lala….Il m’adresse un geste grossier avec sa main avant de remettre sa concentration délicate sur la ligne de shooters qui l’entend impatiemment. Bordel de chiasse…Il est accro ! Humm…c’est pas Kyle ?? !! MOUAHAHAHA !!! C’EST KYLE MCNALLY !! Attends un peu à notre prochain cours en commun, je vais rire de lui, mais à fond !! Pauvre cloche ! Ça doit être Nael qui le met dans cet état. Fouillant les visages de mon regard perdu, j’essaye de découvrir une personne qui m’est familière afin d’aller la taquiner un tout petit peu ! Ah tiens…une tête blonde !

-KAY !!!

J’accoure à lui et lui empoigne le bras tout en dandinant mon sublime arrière-train !

-Kay!!! Regarde!! REGARDE!!!! C’est Sus ma nouvelle mouche! Je m’exclame en lui présentant ma nouvelle compagne.

Il me regarde un instant ébahi puis me sourit – il a un sourire d’enfer ce mec là….je rougis de plaisir et je me trémousse légèrement -. Il la salue d’un hochement de tête fier qui me fait sauter de joie. Il aime ma mouche ! IL AIME MA MOUCHE !!!

-Oui, oui. Je vois Ariel. Enchantée Sus!

J’espère que tu vois ! Je la mets sous ton nez patate et ne t’avise pas de l’aspirer comme en cinquième !!!!!! Sinon…Sinon…JE TE FRAPPE !!! Ma mouche vient caresser la joue de Kay tendrement comme pour me signifier sa sympathie avec de revenir se blottir dans mes cheveux.

-Je savais que tu l'aimerais!!!! Tu sais quoi?
-Non, je ne le sais pas.
-Mais tu vas le savoir !! Tu veux le savoir, hein, hein ??

Durant que je discute avec mon Kay, je remarque Potter chancelant se faire agripper par une Mauve en rut. Le pauvre, il va y passer. J’hausse les épaules et éclate de rire.

-Oui, je veux le savoir.
-BEN TU NE LE SERAS PAS !! MOUAHAHAHHAHA !!

Je me retourne et m’enfonce dans la foule compacte des élèves dansant au rythme de la musique. Je lève un bras, j’envoie une jambe, je frappe quelque chose avec mon crâne – je danse là – et je brasse mon corps entier. Ah oui ! Ah oui ! C’est qui qui danse bien, hein, hein, hein ?? C’est qui qui danse bien papi !!!!!! C’EST QUIII !!!! C’est certainement pas moi ! AHAHAHAHAHAHAH !!! QUE JE SUIS DRÔLE !! Je suis hilarante et complètement hystérique, mais c’est ça qui fait mon charme. Alors que je trépigne et me couche quasiment sur le sol pour exécuter une figure de danse, ma cheville se tord traîtreusement, je perds l’équilibre et je tombe sur…un corps…Ma main palpe un bras maigre, une épaule carré et un visage grimaçant.

-Pas encore toi…, siffle une voix masculine.
-Ah Violet !! je crie à en gerber mes poumons. C’est toi !! Je suis contente de te voir !
-Pas moi…Tu peux parler moins fort…
-QU’EST-CE QUE TU DIS ?? JE NE T’ENTENDS PAS !!

Oh ça c’est joli…Son teint cireux passe au rouge carmin alors que mes postillons s’écrasent lourdement sur sa fine peau de bébé. Je ne serais même pas incrédule s’il venait à écumer de rage.

-Quelque chose te dérange ? je demande avec courtoisie.
-Oui. Toi.
-Ah lala…Espèce de vieux bougon !!

On se remet péniblement debout, lui cherchant des yeux quelque chose ou quelqu’un et moi lui papillonnant d’un air amouraché. Du coin de l’œil, je vois Mauve tirer Potter vers les escaliers qu’ils grimpent avec quelques difficultés. Je ricane et échange un regard complice avec Gus, ma mouche.

-Tu cherches quelque chose ?? je pose doucement en me penchant vers Violet.
-Ma sœur.
-Ahhh…Il y a des lulus blonds qui viennent de monter en haut avec un type.

Ainsi, je laisse le pauvre homme mortifié et je me dirige vers le bar à nouveau. Je jase avec un peu tout le monde ou rectification je parle avec des gens qui ne me répondent pas. Blessée, je vais engloutir un shooter que Kyle s’apprêtait à attraper.

-Je crois que tu en as assez bu, mon gars !
-Doffe…moi..ra…
-Je ne comprends pas. Tu sais que tu empestes plus que tout à l’heure ! TU SENS LA CHIASSE !

Bref…je me promène d’un bout à l’autre de la salle, chantant et riant aux éclats, une chope de Bière-au-buerre dans chaque main quand soudain, on me heurte brutalement. Je virevolte sur mes pieds et assène un coup dans le tibia de Potter qui rigole à s’en rompre les côtes. Tu trouves ça drôle hein ??? Crapaud misérable. D’un coup de hanches – ça ressemble à un mouvement de baladi – je l’envoie valser un peu plus loin et il tombe directement ce sur pauvre Violet. Oups…ça va être sa fête !

Oooh, dieu que je regrette d’avoir accepté de mettre les pieds en cet endroit répugnant et… bondé de… ... gens qui respirent… et qui… dansent… Stupide rousse joufflue !! Pourquoi m’avoir invité moi ? Et pourquoi eu-je le malheur d’accepter, telle est la véritable question… Il se trouve qu’en ce moment, je me sens tout sauf à ma place, perdu dans une mer d’êtres humains trop heureux pour que cela soit naturel, ravis de se trémousser comme des sauterelles torturées sur le plancher trop ciré. Je cherche des yeux quelque visage connu, rencontrant sans le vouloir les grands yeux scrutateurs de ce... Al’than qui… Hm. Une rougeur féroce me ronge les joues à la vue de son sourire narquois, alléché, et je détourne aussitôt la tête, souhaitant me fondre le plus rapidement possible dans la foule tonitruante. Non, non, non, pas question de penser à ça.

…

J’ai dit non !!

Où est ma sœur, tiens…? Je veux Mauve… Sa présence bénie est la seule raison pour laquelle j’ai accepté de me présenter à cette fête sénile. Et où est miss rouquine ? Pas encore arrivée, tiens… Je joue des coudes pour traverser la foule compacte de corps convulsés et effroyablement écumants, mes yeux perçant la fumée artificielle dissipée dans l’air pour faire ‘ambiance’ – c’est nul et purement suffocant – afin de tenter en vain de distinguer une tête blonde parmi les élèves échaudés.

…ce n’est pas du tout deux lulus blondes mais plutôt une rivière de cheveux sombres qui viennent s’infiltrer dans ma bouche. Je tombe à la renverse bousculé par… non. Pas elle, pas cette hystérique traumatisante, pas celle qui m’a vêtu d’une perruque jaune pour me… argh, non, non, non, pas encore !!

- Pas encore toi…, je lui crache au visage avant de me rendre compte que j’ai prononcé mes toutes premières paroles de la soirée.
- Ah Violet !! C’est toi !! Je suis contente de te voir !
- Pas moi…Tu peux parler moins fort, dis…?
- QU’EST-CE QUE TU DIS ?? JE NE T’ENTENDS PAS !!

Bien entendu que tu ne m’entends pas au nombre effroyable de décibels qui cascadent de ta grande bouche remplie d’insectes, pauvre grébiche hurlante…! Je m’essouffle juste à ces pensées hargneuses, peu habitué à la colère trop vive qui m’envahit en ce moment. Mes joues bouillonnent toujours, de… presque rage cette fois-ci, alors qu’elle refuse de s’enlever de sur moi.

- Quelque chose te dérange ? qu’elle me piaille dans l’oreille.
- Oui. Toi.

Ça aura le mérite d’être clair, net et concis. Elle ricane et échappe une bonne partie de sa bierraubeurre dans l’échancrure de son gilet (et sur moi par la même occasion), sans même s’en apercevoir.

- Ah lala…Espèce de vieux bougon !!

Je suis un vieux bougon ? Bon… d’accord. Je n’ai pas l’énergie de rechigner. Je parviens enfin à la virer de mes jambes – les muscles fins de mes bras, très peu habitués à l’activité physique tremblent violemment sous l’effort – et j’arrive à me remettre laborieusement sur pieds.

- Tu cherches quelque chose ?
- Ma sœur.
- Ahhh…Il y a des lulus blondes qui viennent de monter en haut avec un type.

…un type ? Qui ça un type !? Qu’est-ce qu’elle raconte là ? Non ! Pas encore ? Pas alors que nous nous trouvons si près l’un de l’autre, sous le même toit… comment peut-elle ? À moins que ce ne soit pas ce que je pense - je suis prêt à avaler n’importe quelles salades pour me détourner de cette éventualité douloureuse -. Quoiqu’il est assez difficile de se méprendre sur l’idée de ma sœur échaudée dans les bras d’un inconnu, dans une chambre spécialement conçue pour ce genre… d’aventures, un soir de fête, complètement bourrée et naturellement en manque. Chier !! Et ça me passe sous le nez ? L’irritation profonde – ce n’est décidément pas mon soir - met peu de temps à s’estomper, aussitôt remplacée par un chagrin profond et une avide soif de vengeance. Ce petit malheureux aura tôt fait de faire connaissance avec mon courroux démesuré… Mauve m’appartient, ma dulcinée n’est autre que mienne, et ce quand je le décide ! Personne ne profitera de ses lèvres exquises, de son corps généreux, de ses… Hm, non, pas question de me laisser aller à ceci en de telles circonstances. Je patiente quelques longues, très longues minutes, fixant intensément le haut de l’escalier, me concentrant le plus possible sur la musique macabre pour tenter d’occulter un éventuel gémissement provenant du haut. Pas que Mauve soit particulièrement bruyante – quoiqu’elle s’en donne parfois à cœur joie -, mais elle sait soutirer de ses… amants – oh non, pas ce mot – …de ses partenaires les cris jouissifs qu’elle souhaite entendre sur le moment, les modulant à sa guise comme les cordes tendues d’un piano. Ce qui s’avère souvent plutôt… hm, mélodieux et peu discret. Me voilà donc toujours à poiroter au pied de l’escalier, songeant aux méthodes de Mauve et ignorant le mieux possible le monde extérieur – trop tumultueux à mon goût – et les gigotements erratiques des danseurs effrénés, refoulant avec un nœud serré dans la gorge toute l’amertume qui me submerge sans pitié par sa faute.

La voilà… Elle descend les escaliers telle une reine bourrée qui englobe ses territoires d’un regard ambitieux – elle n’a en fait aucune classe, mais je la trouve toujours ravissante -, riant à en perdre l’haleine tout en s’accrochant à un Harry Potter dépenaillé mais encore plus hilare. Leurs rires se répercutent douloureusement à mes oreilles, alors que l’envie de partager leur bonheur excessif m’enflamme avec moult cruauté. Mauve m’aperçoit et me salue gaiement, comme s’il n’y avait rien là. Elle disparaît quelques instants près de deux serdaigles en piteux état et revient en me fourrant de force une boisson dans les mains.

- Fêtons nos retrouvailles, frérot !!

Nos retrouvailles ? Elle vient de joyeusement s’envoyer en l’air avec ce mioche célèbre, me trompant sans scrupule, me causant sans remord un dur chagrin difficilement réprimé, et maintenant elle me demande de… fêter ?

- Qu’est-ce que tu faisais avec… je ne peux m’empêcher de doucement lui demander, malgré tout mon respect pour elle.
- Mais rien voyons, oublie et bois !!

Oublier…? Comment veut-elle que j’oublie ça ? Mauve… non, occupe-toi de moi, aime-moi, ne me laisse pas seul…! Ce qu’elle s’empresse cependant de faire pour aller rejoindre mon pire cauchemar – l’un d’entre eux -, la négresse délurée. J’abandonne la lutte et considère un instant la vodkpasd’beurre que ma soeur m’a mise entre les pattes, souhaitant ardemment que le liquide clair ait trempé avec quelque poison mortel et fulgurant. La première gorgée m’arrache un long toussotement douloureux alors que l’alcool fait rage en rongeant atrocement ma pauvre gorge en feu. Difficile de trouver plus fatal, je songe avec dépit en sirotant une nouvelle et sinistre gorgée.

J’en suis à remuer la dix-huitième version de ma vengeance sur Potter dans ma tête, écumant d’un ressentiment décuplé par la boisson, lorsque la dite victime de mes rêvasseries tombe du ciel et s’écrase brusquement sur moi. C’est une manie, décidément… Je tente désespérément de m’écarter du corps encombrant, détestant avoir tout contact physique avec une quelconque personne autre que ma sœur, lorsque l’odeur de celle-ci sur la peau bichonnée de Potter titille mes narines. Cela me coupe tout velléité de fuite et mon poing soudain dur comme de la pierre s’abat inconsciemment sur la joue honnie du héro tragique. Un craquement macabre résonne contre mes jointures blanches de fureur et je répète l’action encore et encore sans me rendre compte de la fureur enivrante que je déverse sur son visage et sa poitrine, le plaquant âprement au sol, pris sous moi, à gémir misérablement sans comprendre ce qui lui arrive. À califourchon sur lui, je lui crache ma haine au visage sans me soucier de l’attroupement de gens curieux et insouciants qui s’agglutine autour de notre paire vociférante. Encore et encore, je fracture le nez de cette sale verrue de diverses façons, abattant sadiquement mes poings sur toute la surface corporelle accessible pour me délecter de ses cris torturés et confus. Qu’il regrette, qu’il voie l’enfer ! Souffre, souffre, souffre !! Pitoyable insecte qui a osé toucher à MA sœur, à MON amour !!

Deux mains froides empoignent farouchement mes poignets – à peine cicatrisés, ce qui m’arrache un bref glapissement de douleur – et je fais aussitôt volte-face vers le regard bestial et moqueur… d’Al’than. Un véritable frisson d’horreur me fait frémir de la tête aux pieds, alors que la seul proximité de cet être détestable a très peu de mal à me pétrifier instantanément. Harry sous moi profite de ce succinct instant de répit pour se couvrir le visage de ses deux mains en sanglotant pitoyablement, gémissant sur son pauvre sort de martyr incompris. J’échange un long regard avec Al’than, lui aussi sur ma liste noire bien que je n’aie nullement les moyens de lui faire subir mon courroux sans que cela ne se retourne contre moi – je déglutis laborieusement à cette pensée et m’en écarte aussitôt -.

- Pourquoi tant de violence, mon cher ? souffle-t-il avec un rictus pervers qui instille immédiatement une forte appréhension dans mes veines.

Je respire difficilement, retrouvant la parole seulement après m’être convaincu qu’il ne me prendrait tout de même pas au beau milieu d’une troupe de témoins indiscrets, qu’il ne ferait pas ça maintenant, une nouvelle fois à même le sol.

- Ce connard… a osé baiser Mauve… ma voix n’est qu’un murmure plutôt confus.

Je n’ai qu’un fugace moment pour entrapercevoir son regard écarquillé de fureur avant qu’il ne me balance loin du héro sanglotant pour prendre ma place au dessus de lui et finir allégrement le travail.

C’est la limite de l’insupportable. Tous ces corps humides se chevauchant au rythme fugace de la musique endiablée, frottant leurs membres gours par d’intenses heures d’épuisement physique tout en esclaffant bruyamment et échangeant des paroles insensées et dénuées de sens. Pourquoi me suis-je laissé embarquer là-dedans ? C’est un bordel assurément avec tous ces couples enivrés par tant de festivités ou plutôt par leur jubilation de jeunes incontrôlables qui se piétinent les autres pour se rendre directement dans une chambre au deuxième pour faire des galipettes sexuelles. Et je me retrouve parmi eux…Moi…Naelesen Al’Than qui fuit le peuple et se pose sur un siège dans le seul but de mieux les observer, de les mesurer, de les calculer et ainsi voir les facettes de leur personnalité, de comprendre le fonctionnement des personnes normales ou complètement loufoques. Ma présence est déplacée ici et j’ai capté plus d’un regard étonné de me voir sur le plancher de ce vulgaire pub. Je dois dire que je suis venu non pour plaire à Ariel et faire ses quatre volontés, mais pour saisir quelques potins satisfaisants, pénétrant sans grande difficulté dans la peau de mon personnage, à savoir un sale fouineur taciturne qui sait un peu tout de la vie privée des gens. J’étouffe un gloussement moqueur et change de position dans le coin que je me suis approprié depuis mon arrivée. En fait, l’odeur de la transpiration et de l’alcool ont immédiatement titillé mes narines frémissantes de révulsion si on exclut l’arôme parfumé de Mauve et l’aura dévastatrice d’Ariel. D’où je suis, je peux avoir un œil sur la porte d’entrée, la piste de danse, le bar et les escaliers menant au second étage de plus que ma grande taille m’aide à percevoir tous les détails dignes de mon intérêt. Pourtant, je suis terriblement déçu, habituellement dans une soirée il y a des frictions, des combats d’ivrogne ou des choses palpitantes, là j’en suis à m’endormir debout. Je perdrais moins mon temps en retournant dans mon dortoir pour y réfléchir à ma guise et écrire sans qu’une nuée de jeunes émoustillés ne me déconcentre. Ou bien je pourrais rêvasser…fignoler certains devoirs et apprendre de nouveaux sortilèges…Ou faire des recherches…Ou me transformer en beau gros loup et parcourir la forêt interdite comme à mon habitude. Et là…je suis cernée par une bande de b…

-Ahhh….bonj…hic ! our ! fit une fille contre ma poitrine.

Bon, revisualisons la scène quelques secondes…Je pensais bien tranquillement dans mon coin lorsqu’une imbécile de première a trébuché et s’est accrochée à moi pour amorcer sa chute, or je l’ai retenu par simple réflexe et maintenant…et maintenant elle se colle contre moi désespérément. Pouffiasse ! Mais lâche moi ! Ah et pour couronner le tout, cette fillette a perdu sa tête et se noie dans plusieurs verres de punch !

-C’est bonsoir, je grogne en décrochant ses doigts un à un.

La fille en question est de Griffondor si je ne m’abuse, elle est petite, rondelette et porte un décolleté extravagant. Je soupire d’exaspération et me défais de son étreinte en la renvoyant sur la piste de danse où elle se met à embrasser à pleine bouche un autre élève. Pathétique. Il est temps pour moi de quitter cet insalubre endroit, de faire ma révérence. Non mais vraiment. C’est d’une stupidité alarmante de s’oublier à ce point. Ils boivent, ils rient sans aucune raison et ils…Ah…et puis je m’en fous. Rien ne me retient. Quoique…Une silhouette menue se découpe dans mon champ de vision et m’apporte un pur moment de désappointement. Qu’est-ce qu’il fait ici celui-la ??!! Légèrement perplexe, j’observe Kyle se frayer un chemin parmi la foule que je rattrape sans même m’en rendre compte. Il se fige devant moi, soudainement incrédule et oh miracle – comme si ce n’était pas la première fois – me gratifie d’un regard hargneux et d’un rictus tout particulièrement frustrant. Il ne pourrait se montrer courtois de temps en temps celui-là ?!

-Kyle, je….

Et le voilà. Il pivote sur lui-même et s’élance tête haute vers le bar. C’est ça mon vieux lorsqu’on veut faire une bonne action, il y a toujours un barjo qui refuse d’encaisser le fait que l’autre puisse être sincère. Tss…Très bien vu que Monsieur se croit au-dessus des autres pour écoute un simple mortel, alors je laisse Monsieur s’anéantir dans l’alcool. Sur ce, je me détourne de la direction de Kyle et remarque un élève qui tente d’embobiner Mauve avec ses salades de compliment à la noix. Ça ne fonctionne pas avec cette grue, tu dois la prendre à même le sol, devant témoin si besoin est, et planter ton dard à l’intérieur d’elle pour lui montrer qui est le patron entre vous d’eux. En gros, tu ne dis rien et tu la baises, voilà le problème est réglé. Il est probablement puceau, crétin. Aucune chance avec une gaupe comme elle. Je ricane sous barbe et me promène parmi les étudiants, décourageant – de mes airs caustiques - les braves jeunes filles – qui ont un peu trop bu, il faut se l’avouer – qui s’aventurent un peu trop près de mon espace vital. Bande de gonzesses malhabiles. Je ne serais même pas étonné que tout ceci vire à l’orgie, en plus que Mauve est dans les parages…Après mûres réflexions…il se pourrait bien que ça ressemble davantage à une débauche internationale qu’à une simple soirée à l’insu des professeurs. Tout à coup, je me sens scruté…des yeux me fixent…Hostiles ? Fiévreux – ce qui m’étonnerait fortement - ? Furieux – Kyle peut-être ? - ? Ou tout simplement curieux ? Je cherche la source de cette démangeaison entre les omoplates et dépose mon attention sur…Ah tiens…Violet…La lumière tamisée de sa place fait briller miraculeusement sa chevelure et ses prunelles me dardent des éclairs de dégoût. Je lui adresse un sourire carnassier, le faisant rougir ou peut-être a-t-il eu une pensée non-catholique. Qu’importe, il est à croquer ce soir, comme toutes les autres fois où je le regarde, mais il s’est entiché de Mauve…non il est devenu carrément obsédé. Je le plains. Remarque, je suis un cas aussi désespéré avec…Enfin bon…Je crois qu’il n’a pas aimé mon sourire puisqu’il s’enfonce dans l’amas de danseurs pour se soustraire de ma vue. Brave petit.

Bon…Bon…C’est d’un ennui total. La seule distraction vient de s’enfuir en courant. Méchant Violet. Je m’empêche de rire à gorge déployée lorsque la crainte que je le possède sauvagement ici même a dû lui effleurer l’esprit. Je suis ignoble. Je retourne à ma marche lente et ponctuée par mes coups d’œil curieux et indéchiffrables. À maintes reprises, j’aperçois la chose qui me tient de cousine rigoler avec des gens, beugler des choses à Kyle qui est affaissé au bar, danser comme un singe au centre de la piste avec pour seule compagnie ses mouches entamant des figues aériennes médiocres et parfois elle discute avec un certain Kay. Ah lala…J’irais bien taquiner Kyle, mais la dose d’alcool importante qu’il vient d’engloutir m’inciter à rebrousser chemin. L’envie agréable d’insulter Mauve me turlupine, mais elle a disparu comme par magie. Sûrement en train de chercher à tâtons l’orgasme de sa vie. Marie-Ève n’est pas encore arrivée…Dommage, j’aurais pu lui tenir compagnie ou rectification elle aurait pu me tenir compagnie. Saint-Chiasse !

Je retourne à ma contemplation des créatures mutantes qui furent attribuée d’une enveloppe humaine à la naissance. C’est du délire…C’est tout bonnement assommant comme soirée…J’aime regarder les gens du moment où je peux m’introduire silencieusement dans une conversation compromettante là…ils font juste se tortiller affreusement – ils appellent cela de la danse…pfff… ! – Bien qu’Ariel soit un spectacle hilarant, je ne trouve pas le goût de sourire. Je jette un coup d’œil derrière mon épaule gauche et je surprends Mauve et Potter – qui bave abondamment en fixant d’un œil vitreux la connasse - proche du comptoir. Il se fait de faux espoirs celui-là. S’il croit sérieusement que Mauve va lui permettre de la toucher, c’est qu’il est aussi désaxé que ma mère. Dans un froncement de sourcils, je m’approche de Kyle qui marmonne sous cape et renverse plusieurs shooters d’une main maladroite.

-Humm…Kyle ?

Il ne me répond pas, ne m’adresse pas même un regard écoeuré ou frustré, juste de l’ignorance à l’état brute. Je lui secoue l’épaule d’une main assurée et il vacille sur le banc en éclatant de rire. Bon…Kyle qui rit…C’est mauvais signe…Il en a bu combien pour arriver à ce stade dramatique ? Je compte rapidement d’un regard critique le nombre de contenant de verre jonchant cette partie du bar. Un peu trop à mon avis.

-Vouloir…autre…Moi…Hic ! Bon ça !

Sa situation empire…Il parle comme un homme de Cro-Magnon…C’est quoi son problème de se plonger dans ce liquide perfide ??!! Probablement quelques neurones d’explosées, me souffle ma petite voix intérieure. J’allais lui interdire l’accès aux prochains verres à l’instant où des éclats de voix retentirent sur notre droite. Furtivement, j’incline la tête en direction du tapage et prends soudainement conscience que c’est une bagarre. Il était temps ! Au moins quelque chose de diversifiant dans cette saloperie soirée des testicules de Lucifer ! Kyle se redresse brusquement et brandit son poing vers le plafond.

-UNE BATAILLEEEEEE !!!! s’écrie-t-il comme si c’était un cri de guerre avant de se tordre d’une façon qui demeure un mystère à mes yeux et de s’écrouler lamentablement sur le sol. Oups…

Prestement, je bondis sur mes pieds, l’attrape par les aisselles et l’aide à se relever alors que ses pieds battent furieusement le sol. Non mais il va arrêter ses singeries débiles !!??

-Lâche moiii !! Hicccc ! siffle-t-il, tournant dangereusement des yeux. Touche…pas…moi…me….tu…comprends ?! Hiccc ! Voir…moi…aller !

Doucement, je le remets sur pieds avec appréhension. Il va tomber face contre terre…Je risque un regard de reconnaissance vers l’endroit où se déroule le conflit. Kyle se fond dans la masse grouillante des bêtes de somme tout en mugissant ici et là dans la foule. Il va être malade. Rapidement, je contourne quelques personnes de manière à retrouver Kyle avant que le contenu de son estomac n’asperge ces compagnons, mais mes yeux se posent alors sur un Violet sensiblement en colère dont les mains sont soudées à la gorge du pauvre Potter suffocant et dont le visage ruisselle de larmes d’impuissance. Il tente de griffer son assaillant, mais parvient uniquement à abattre sa grosse patte flasque sur la joue tendue de Violet. Ce dernier commence à le ruer de coups, jurant et tout à fait hors de lui. Qu’est-ce que Potter a bien pu faire pour le mettre dans cet état ? J’écarquille des yeux, surpris, devant les assauts pleuvant sur le balafré. Les jointures de Violet se teignent rapidement d’un liquide carmin et sa victime semble sur le point de s’évanouir de frayeur. Personne va arrêter ça ?!! Bon, je crois que je vais devoir me sacrifier. Doucement alors que Violet s’acharne sur le corps courbaturé et saignant, je me glisse entre deux filles pour plonger directement et sans encombre sur lui. J’empoigne solidement ses poignets et le retire de sur Potter – qui pleure comme un bébé et appelle sa maman chérie morte depuis belle lurette – pour le serrer contre mon torse. La chaleur de son corps m’enflamme en un instant et je revois la scène où il est mien que pour quelques instants, où je le caresse et lui arrache des gémissements d’extase tandis que je lui procure le plaisir qu’il n’a jamais goûté. À moi…il s’est abandonné à moi…que pour un acte interdit. Subitement, il s’échappe de mon emprise et me fait face. Je le tiens encore par les poignets par mesure de sécurité.

-Pourquoi tant de violence, mon cher ? je souffle en affichant un air intrigué et ironique.

Je le sens se raidir, je le sens frissonner d’horreur et je le sens combattre sa peur. Peur de quoi ?

-Ce connard… a osé baiser Mauve…

Quoi ??...Toutes pensées lucides ce sont évaporées…Il a…baisé…Mauve ??!! MAUUVE ??!!! Il me faut une fraction de seconde pour assimiler l’information et m’imaginer cette saleté de nymphomane se faire…farcir par…ÇA !!!! Rageusement, je balance Violet d’un côté avant de happer le collet de ce fils de chien ! Durant mon intervention, il en a profité pour s’éclipser tout en pleurnichant comme un enfant et frappant le sol de ses poings osseux. Je le redresse et lui fracasse le crâne contre le sol, lui arrachant une plainte aiguë. Je n’ai jamais pu me venger des amants de Mauve…Je n’ai pas pu assommer l’un d’eux avec mes jointures d’acier…Je n’ai jamais eu la chance de me soulager de toute cette douleur comprimée et scellée…Mais aujourd’hui, par honneur à mes tourments, je vais blesser Potter comme s’il détenait tous les hommes avec lesquels Mauve me trompait scrupuleusement. La pointe de mon pied droit s’enfonce profondément dans le ventre de ma proie alors qu’il se recroqueville sous mes coups répétés. Je ne sais pas combien de temps cela dur, mais assez pour qu’une fine sueur me couvre de toute part. Potter s’agrippe au sol, grimace de douleur et demandant ma clémence dans un bafouillis à peine audible. Je ressens deux mains tremblantes se déposer et se contracter sur mes épaules.

-Il est à moi, murmure Violet derrière moi.
-Lâche moi Violet, je mugis.
-Non.

Soudainement, je me retourne et inflige à mon interlocuteur l’un de mes fameux crochets pour me débarrasser de son emprise faible. Beuglant de fureur, Violet s’élance vers moi et me bourre de coups dans les côtés.

-SUFFIT !!! hurle une voix derrière nous, une voix que je connais que trop bien…Mauve. Mais qu’est-ce qui vous prend !?

Nous pivotons vers elle d’un mouvement sec et déterminé.

-Tu sais Mauve, je dis dans un souffle doucereux, adoptant un ton menaçant. Il serait peut-être temps que la sale gueuse que tu es se maintienne tranquille au lieu de courir ici et là à la découverte d’un bâton en érection !

Répugnant à tous les observer, je m’éloigne du cercle sanguinolent, la tête haute…enfin épanché. Je déniche un Kyle au teint verdâtre que j’amène de ce pas vers les toilettes tandis que la porte d’entrée s’ouvre à nouveau pour laisser passer une rouquine. Marie-Ève.

Depuis que Mauve m’a invité à la fête qui se déroule ce soir, je ne tiens plus en place. J’avais tellement hâte d’y être. Il me semble que ça fait une éternité que je n’ai pas festoyé avec des amis. Je sautille partout dans la chambre en rêvassant à la soirée. Je vais pouvoir danser, rire, m’amuser et surtout être avec tous ceux que j’apprécie dans le même lieu.

J’ai invité Violet, le frère de Mauve. J’ai bien hâte de lui reparler. Je n’ai pas eu la chance de faire sa connaissance bien longtemps car sa sœur avait besoin de moi. En tout cas, ce soir je crois que c’est ma chance.

Juste avant de m’y rendre, je dois aller rejoindre Nael. Il m’a dit que c’était très important que j’arrive à l’heure et qu’il avait besoin de moi pour faire une surprise aux autres. Je suis heureuse qu’il m’est choisi et je suis impatiente de voir ce qu’il a préparé. Une fois prête, je me dirige à l’endroit de mon rendez-vous.

Je marche à travers le château la tête haute et le sourire aux lèvres. Je fais attention pour ne pas faire trop de bruit. Si un des professeurs me voyait ici, je ne sais pas ce qui m’arriverait. La pire chose c’est que j’arriverais en retard. Je ne crois pas que Nael serait content donc, mieux vaut la discrétion.

J’y suis arrivée sans embûche heureusement! Aucun Nael en vue. Où est-il donc? Je suis pourtant ici, à l’heure exact qu’il m’a donné. Est-ce qu’il a eu des ennuis en cours de route contrairement à moi? Pour ne pas trop m’inquiéter et pour faire passer le temps, je sifflote faiblement un air gai. Quelques minutes passèrent et je perçois enfin des bruits de pas au loin. Ça doit être lui!!! Eh non c’est Malefoy qui s’amène et non mon copain. Nous nous saluons d’un signe de main et il prend la parole d’abord.

- Nael m’a confié sa tâche car il ne pouvait plus la faire. Me déclare-il droit dans mes yeux.

- Hum…d’accord…alors…

- Impero! dit-il dans un murmure presque inaudible.

Je ne trouve pas les mots pour finir ma phrase qu’il prononce quelque chose que je n’ai pas saisi.

Je me sens soudain très légère. Je ne pense plus à rien. Mon esprit est totalement vidé de pensées pendant un bref moment. Puis, j’attend une voix me dire de prendre l’arme qui se trouve devant moi. J’exécute l’ordre sans hésitation. Oh, je me souviens de l’avoir déjà vu dans la salle sur demande. Oh oui et ça servait à quoi déjà? Je n’ai pas le temps de me poser d’autres questions que la voix me répète doucement de marcher jusqu’à une porte.

- Enlève le sortilège avec la dague. Me chuchote la voix dans ma tête.

Je regarde l’objet puis la porte et dans un geste précis je fissure la protection. La voix me souffle de continuer encore un peu et j’obéis. À chaque contact de la dague avec la couche protectrice me donne de léger chocs. Cela ne m’arrête pas puisque je dois exécuter ce que la voix me dit jusqu’au bout. C’est la seule chose que je dois faire pour la surprise de taille qu’a préparé Nael. Après plusieurs coups, le découpeur a finalement réussi à enlever toute la magie. La porte s’ouvre d’un coup sec et un grand homme portant un manteau et une capuche sur la tête fait son entré.

C’était donc un invité spécial qu’il nous a amené. Ce qu’il est gentil ce cher Nael. Je redonne la petite épée d’or à Malefoy.

- Va jusqu’à la fête et mène le monsieur jusque là. Me demande la voix comme dernier ordre.

J’avance dans le château jusqu’à Pré-au-Lard pour la fête. J’entre au même moment que Nael et Kyle quittent pour les toilettes. Dommage ils vont manquer la surprise enfin simplement Kyle car Nael le sais déjà.

Tout le monde a l’air de s’amuser comme des fous. Y’en a qui dansent, qui chantent, qui boivent ou tout simplement parlent. Je ne sais pas qui aller voir en premier. Je regarde la salle à la recherche d’un ou d’une de mes amis qui m’aurait vu entrer. Je m’apprêtais à aller rejoindre Mauve lorsque je me fais bousculer par l’invité spécial! Ma tête cogne durement le sol. Je me relève péniblement pour retomber quelques secondes après. J’ai très douloureusement mal partout. Je me sens, contrairement à tout à l’heure, très lourde. Qu’est-ce qui m’arrive? Je viens pour m’amuser et je ne suis même pas capable de rester debout. Pourquoi donc? Mes paupières veulent se fermer et mon corps tant qu’à lui refuse de bouger. Je ne veux pas dormir maintenant. Je veux rejoindre les autres alors ne t’endors pas. Malgré ma vaine tentative de rester éveillée, je sombre dans un sommeil au pied de l’individu habillé d’un manteau noir à capuche. Adieu belle soirée!